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Tandis que je feuilletais quelques documents en vue de la préparation d’une exposition pour les 400 ans de la congrégation, je suis tombée sur un petit carnet relatant l’histoire d’une sœur partie en exil après la Révolution. Je me suis alors souvenue que les sœurs de la congrégation m’en avait déjà parlé : « Il faut absolument que tu lises cette histoire, me dit-on, c’est un vrai roman ! »

Relation des voyages d’une religieuse du Calvaire de Paris pendant son émigration

« Au moment où les violences révolutionnaires commencent à s’apaiser et où les premières communautés tentent timidement de se reconstituer, une jeune calvairienne de Paris, désireuse de reprendre la vie monastique, est informée que des religieuses se sont regroupées en Suisse, en un monastère fondé et dirigé par un trappiste. Elle demande à y être reçue, mais moines et moniales ont dû quitter leur terre d’accueil, sous la pression des armées du Directoire, au début de 1798. La sœur Saint-Maur Miel est invitée à les rejoindre à Augsbourg. Acceptée comme novice, elle participe dès lors à un parcours mouvementé à travers l’Europe, sous la conduite de dom Augustin de Lestrange. Elle suit les trappistes jusqu’en Russie, puis s’en sépare sur le chemin du retour pour de nouvelles aventures. Enfin, en 1807 elle retrouve le Calvaire de Paris. Plus tard, sa supérieure à la bonne idée de lui demander d’écrire ses souvenirs, encore bien vivace. [Ce qu’elle fera en 1829].

Madeleine-Renée Miel, née en 1768 dans le Perche, de Pierre Miel, aubergiste et de Marie Renaud son épouse, a fait profession au Calvaire de la Compassion à Paris le 17 juillet 1788, sous le nom de sœur Saint-Maur ; elle a été la dernière professe avant l’interdiction des vœux et la dispersion. Elle a été reçue par les trappistes le 3 avril 1798, revêtue du saint habit le 6, sous le nom de sœur Maur.

Son récit plein de verve offre de multiples facettes ; les anecdotes et les détails pittoresques dont il fourmille n’en épuisent pas l’intérêt. La voyageuse, qui parle peu des paysages, a été attentive aux faits de civilisation ; présente en Pologne au moment du passage des troupes impériales, elle trace un tableau tragique des misères de la guerre. La Française en exil témoigne de la mentalité des milieux différents. La religieuse révèle incidemment quelques aspects de la spiritualité du temps ; elle communique ses observations et ses remarques sur les nombreux monastères qu’elle a fréquentés.

La sœur Saint-Maur présente sa relation comme une leçon de confiance en la Providence. Elle en a donné l’exemple jusqu’à la limite de la prudence. Mais sa fidélité à sa vocation dans des circonstances difficiles et son heureux retour dans le monastère où elle avait voué la stabilité manifestent que cette confiance n’a pas été déçue. Aussi peut-elle conclure par une invitation à l’action de grâce. » Introduction rédigée par Louise Coudanne.

Voyage de soeur Saint-Maur Miel entre 1798 et 1807

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